Le label Nature & Progrès, né de la contestation de l'agriculture industrielle en 1964, est la plus ancienne structure de l'Agriculture Biologique en France.
Cette structure est mise en place suite à la validation de l'utilisation en masse du recyclage des armes chimiques des première et seconde guerres mondiales en puissants engrais et pesticides, engendrant une pollution notoire et un avenir douteux pour l'environnement.
Elle pose ses fondements en 1972, bien avant le label AB créé par l'état français (aujourd'hui européanisé et reconnu sous le logo de la petite feuille). Plus tard, le label N&P refuse d'adhérer au label AB dont il réfute le cahier des charges, jugé trop laxiste, en permettant notamment la contamination aux OGM (à hauteur de 0,9%), l'exploitation dans un même domaine de cultures bio et non bio, ou encore la culture sous serre chauffée. De même, le label AB ne définit qu'un ensemble de normes techniques et ne tient pas compte de l'aspect social, voire éthique dans l'approche biologique.
En effet, selon ces militants de la première heure, le règlement de 1991 mis en place par des énarques est loin des réalités du terrain, profitant d'une niche, n'en voyant que l'aspect économique. De plus, le label AB, poussé par les divers lobbyings, prévoit de baisser encore les critères du cahier des charges afin de permettre plus de reconversions, et donc une extension massive de ce marché, qui retient l'attention croissante des consommateurs, pour aller vers l'industrialisation de celui-ci: autant dire, copier le conventionnel.
L'engouement du bio
Au sein d'un paysage de plus en plus concurrentiel, se dressent quelques labels contestataires et engagés souhaitant préserver un bio éthique, proche des hommes et de la terre face à des acteurs attirés par un marché porteur de profits prometteurs et galvanisés par des consommateurs dont l'attrait pour le bio, au-delà d'un effet de mode, vient répondre à des interrogations sanitaires légitimes et de plus en plus préoccupantes.
Or, pour bien consommer, il faut bien produire. Et dans cette optique de bien consommer, nous avons le choix d'appuyer des modèles de production qui se battent pour une valorisation des sols et de l'Humain. L'objectif idéal étant le «tout bio» un jour, rêvons, pour tenir un tel pari, les surfaces agricoles utiles converties en bio vont indéniablement devoir s'étendre, tout en conservant un cahier des charges rigoureux.
Argent = Pouvoir - Acheter c'est Voter
Démocratiser le bio, certes, mais pas au prix de la terre. Cessons de marcher sur la tête. En ces temps prochains de périodes électorales, il est bon de savoir qu'acheter c'est voter. Là où je mets mon argent, c'est là où je donne du pouvoir: Chimique ou naturel? Grandes firmes internationales, ou producteurs locaux revalorisés par des organisations au niveau national et international? Arrêtons de penser que nous ne pouvons rien à notre «petit» niveau, de façon individuelle. Déplaçons communément nos voix vers des structures qui militent depuis des décennies pour nous - en nos noms, et au nom de la planète que nous céderons à nos enfant - afin de leur donner plus de poids face aux lobbyings. Et «votons», en optant pour le maintien de labels de qualité, ce dans un acte très simple: le choix d'un mode consommation.
©Christine Solis, Naturopathe